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Le Blog de Jonathan Fanara

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Le Plus : "Camille Claudel, 1915" / Le Moins : "In Another Country" (#25)

Publié par Jonathan Fanara sur 15 Septembre 2013, 09:06am

Catégories : #Cinéma

Le Plus/Le Moins est une chronique cinématographique hebdomadaire. Vous y découvrirez, toujours avec concision, le meilleur et le pire de mes (re)découvertes.

 

 

Et cette semaine…

 

Le Plus : Camille Claudel, 1915 (2013). Une immersion éprouvante, longue de trois jours, dans l’enfer de l’internement psychiatrique imposé à Camille Claudel. Ainsi résumé, le dernier film de Bruno Dumont semblerait presque confesser des penchants ténébreux, une noirceur pour le moins inhabituelle dans le cinéma hexagonal. Un peu comme si une odeur de soufre gagnait les couloirs de l’asile de Montdevergues, ultime tombeau d’une artiste hors pair, tourmentée et trop longtemps mésestimée. Pourtant, malgré son caractère taciturne et son réalisme glacial – ces handicapés qui hantent l’écran –, Camille Claudel, 1915 puise dans son immobilisme relatif un authentique lyrisme. De l’abandon familial aux injustices sociétales, il dresse un portrait sans concession d’une sculptrice française en pleine déchéance, incarnée avec talent par une Juliette Binoche au sommet de son art. Et ce que Bruno Dumont filme avant tout, c’est le poids de la captivité, les âmes ankylosées et la lâcheté des hommes. Austère, épurée, puissante, son œuvre évolue constamment à la lisière du documentaire, faisant de la reconstitution (décor, costumes) un instrument essentiel à sa réussite. Esthétiquement soignée, cette claque inattendue prend le parti de montrer – plus encore que de narrer – les déboires vécus par Camille Claudel, personnalité depuis longtemps réhabilitée et devenue par la force des choses une égérie de la liberté. Quid alors, me direz-vous, d’Auguste Rodin ?  Si leur relation n’est traitée qu’à la marge, elle vient néanmoins nourrir l’intrigue de la plus belle des manières. Avec subtilité et par omission. (8/10)

 

Le Moins : In Another Country (2012). Décidément, rien ne ressemble plus à un film de Hong Sang-soo qu’un autre film de Hong Sang-soo. Logique implacable, certes, mais ô combien inadaptée aux exigences d’un septième art où l’originalité tient désormais lieu de summum. Chronologie éclatée, vérisme, promotion du soju, dialogues dénués de sens : le réalisateur sud-coréen s’embourbe depuis des années dans des dispositifs moins inattendus qu’un coucher de soleil. Sans surprise, In Another Country, dernière livraison en date, ne déroge en aucun cas à la règle. Tranches de vie déstructurées, déclinées à l’infini, déraisonnables, usuelles ou irrationnelles : ce long métrage entend questionner l’existence à travers les péripéties coréennes d’une Occidentale – Isabelle Huppert, convaincante. Si ce prolongement naturel du modeste Matins calmes à Séoul mise sur la déconstruction narrative pour s’élever, il finit immanquablement plombé par ses zooms intempestifs, sa redondance mal à propos et sa photographie disgracieuse – un comble alors même que l’industrie sud-coréenne se distingue traditionnellement par son sens de l’esthétique. Des failles parfois béantes, que les quelques bonnes idées développées – il y en a – ne parviendront jamais vraiment à masquer. Des insuffisances d’autant plus proéminentes que les ressorts dramatiques se brisent maladroitement les uns après les autres. Moralité : l’accolement aléatoire d’histoires creuses ne suffit pas à faire un (bon) film. Et, accessoirement : l’absence d’un quelconque renouveau artistique peut se révéler fortement préjudiciable. (6/10)

 

 

Lire aussi :

Le Plus : "The Bay" / Le Moins : "Passion" (#24)

Le Plus : "Super Cash Me" / Le Moins : "Pacific Rim" (#23)

Le Plus : "Mud" / Le Moins : "Spring Breakers" (#22)

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