Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Blog de Jonathan Fanara

Le Blog de Jonathan Fanara


Le Plus : "Au nom du père" / Le Moins : "Elysium" (#26)

Publié par Jonathan Fanara sur 22 Septembre 2013, 17:07pm

Catégories : #Cinéma

Le Plus/Le Moins est une chronique cinématographique hebdomadaire. Vous y découvrirez, toujours avec concision, le meilleur et le pire de mes (re)découvertes.

 

 

Et cette semaine…

 

Le Plus : Au nom du père (1993). Petit coup d’œil dans le rétroviseur. En 1994, Berlin couronnait le cinéaste irlandais Jim Sheridan, auteur d’un drame percutant prenant pour cadre le Royaume-Uni des années 1970 et 1980. À l’époque, le pays brille par de profondes divisions, en tout point insolubles. La lutte menée contre les « terroristes » de l’IRA prend des allures de chasse aux sorcières, mettant aux prises suspicieux trop hâtifs et suspects parfois désignés au faciès. Auréolé d’un Ours d’or, Au nom du père s’inspire de faits réels et prend le parti de narrer les déboires judiciaires vécus par une famille ordinaire, accusée à tort d’être à l’origine d’attentats pour le compte des révolutionnaires irlandais. Interrogatoires musclés, incarcérations pénibles, procédures fastidieuses, le film traduit avec maestria le climat délétère qui règne alors. Non seulement Jim Sheridan ne bute jamais contre le contexte politique, mais il parvient en outre à insuffler à son récit une justesse rarement rencontrée au cinéma. Le casting n’y est évidemment pas étranger : le très sélectif et pointilleux Daniel Day-Lewis (oscarisé à trois reprises), à la fois héros et narrateur, signe une prestation cinq étoiles, alors que Pete Postlethwaite et Emma Thompson font indéniablement mouche. Côté scénar, le robuste l’emporte sans mal sur le clinquant. Conjuguant le conflit nord-irlandais à l’émancipation sociale, liant le lynchage aux préjugés et aux dogmes, érigeant la communauté au rang de valeur refuge, Au nom du père dégage une puissance romanesque qui n’a d’égale que sa densité thématique. La photographie – soignée – et la mise en scène – irrépressible – finissent de porter au pinacle ce long métrage à bien des égards embrasé. Vraiment, on ne saurait trop vous conseiller ce qui apparaît comme l’un des meilleurs films de ces vingt dernières années. (10/10)

 

Le Moins : Elysium (2013). Plus nombreux sont les dollars, moins nombreuses sont les idées. Ce raccourci sied à merveille à Elysium. Prolongeant la longue série de blockbusters poussifs sortis cette année – Pacific Rim, World War Z, Oblivion, After Earth, Very Bad Trip 3, etc. –, cette nouvelle incursion ambitieuse dans le genre de la science-fiction se prend immanquablement les pieds dans le tapis, ô combien casse-gueule, du manichéisme. Réalisé par le cinéaste sud-africain Neill Blomkamp, à qui l’on doit le magistral District 9, Elysium entend s’essayer à l’anticipation sociale, coupant de fait l’espèce humaine en deux blocs bien distincts : d’une part, sur terre, des esclaves modernes vivant dans des bidonvilles ; de l’autre, sur une station spatiale, des privilégiés reclus, habitant des villas luxueuses. Le hic, c’est que cette version futuriste de la lutte des classes voit les clichés s’amonceler, alors même que les impératifs scénaristiques exigeraient nuance et mesure. Les personnages pâtissent d’ailleurs d’une écriture à la va-vite avec, pour corollaire, une superficialité que même Jodie Foster, Matt Damon et William Fichtner ne parviennent pas à cacher sous le boisseau. D’accord, me direz-vous, les ficelles sont plus fournies qu’un bouleau verruqueux, mais quid alors du visuel ?  Eh bien, si l’on ne vole pas de déception en déception, la forme ne suffit en aucun cas à faire oublier le fond. C’est d’autant plus vrai que certaines scènes ne semblent destinées qu’à remplir de la pellicule, cherchant dans le décorum une échappatoire qui se refuse à jamais. La juxtaposition de ces irréparables faiblesses fait assurément d’Elysium un colosse aux pieds d’argile, dont les émotions s’avèrent par ailleurs aussi rares que les bonnes idées. Aussi, mine de rien, la science-fiction s’enlise dans une interminable période de vaches maigres. (6/10)

 

 

Lire aussi :

Le Plus : "Camille Claudel, 1915" / Le Moins : "In Another Country" (#25)

Le Plus : "The Bay" / Le Moins : "Passion" (#24)

Le Plus : "Super Cash Me" / Le Moins : "Pacific Rim" (#23)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents