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Le Blog de Jonathan Fanara

Le Blog de Jonathan Fanara


Bart De Wever, la menace permanente

Publié par Jonathan Fanara sur 16 Juillet 2013, 07:14am

Catégories : #Édito, #Politique

Avec la mise sur les rails de la sixième réforme de l’État belge, la N-VA se frotte, non sans mal, aux épines du rêve inachevé. Le parti nationaliste flamand, non content de ruer dans les brancards, déploie sans scrupules un argumentaire fallacieux à l’appui de ses thèses indépendantistes. Ainsi, on a vu Bart De Wever glisser avec allégresse sur le toboggan médiatique et pousser des cris d’orfraie afin de porter un coup de canif déstabilisateur au nouveau contrat communautaire, pourtant paraphé – et donc soutenu – par pas moins de huit partis. C’est en tout cas peu dire que le message de l’homme fort de la N-VA ne laisse planer aucun doute : jamais, il ne se hasardera à défendre une énième réforme constitutionnelle, prématurément jugée vaine, voire contre-productive. Pis, dans la foulée, il dégoupille la grenade de l’autodétermination et se met à vanter les vertus d’un reformatage de l’article 35, celui-là même qui délimite le mandat – donc le champ d’action – des entités fédérées. Une manière de concéder, à demi-mot, sa volonté de mettre au pas les francophones, ces prétendus assistés fainéants, dans une Belgique disloquée, désunie et sans substance.

 

Le discours est univoque au possible. Le bourgmestre d’Anvers « en a marre » de ces interminables négociations au terme desquelles les Flamands sortent « tondus » et « à genoux ». Pour les plus durs de la feuille, il va jusqu’à pointer du doigt la responsabilité indubitable des francophones, devenus le temps d’une déclaration les oiseaux de malheur du peuple néerlandophone. C’est tout juste si ces contre-vérités ne braquent pas un projecteur aveuglant sur les desseins inavoués de la N-VA : crier haro sur le Sud du pays et employer tous les paravents socioéconomiques imaginables pour mieux justifier le détricotage de l’État fédéral. Un scénario qui satisferait au moins deux arrière-pensées indépendantistes : faire de la Belgique une coquille vide et reconfigurer le périmètre d’action de la Région flamande en vue de promouvoir le self-government. Car Bart De Wever le clame désormais haut et fort : « Construisons quelque chose qui peut-être fonctionne au lieu de gaspiller sans fin du temps, de l'énergie et de l'argent pour réformer le bric-à-brac de l'État. »  Il faudrait délibérément faire la sourde oreille – ou l’autruche, c’est selon – pour ne pas y déceler le signe d’un autonomiste rêvant de tirer un trait sur un pays qu’il abhorre depuis toujours.

 

En fait, il y a largement de quoi s’y perdre. Car cette sixième réforme de l’État, réclamée de longue date par ses frères d’armes, aurait en toute logique dû rencontrer les aspirations les plus intimes de Bart De Wever. Mais, plutôt que de faire profil bas, l’Anversois s’agite sur tous les fronts et exige à cor et à cri davantage de moyens financiers pour absorber les nouveaux transferts de compétences, pourtant ardemment convoités – et revendiqués – par les siens. Paradoxe ?  Anguille sous roche ?  Il y a là en tout cas, dans le chef du héraut autoproclamé de la cause flamande, un double discours, voire une fraude intellectuelle, qui devrait rebuter tout électeur rationnel décemment informé. Ces sempiternelles contradictions, couplées aux incongruités de rigueur, prêtent d’autant plus à discussion que, dans le même temps, Jan Peumans y allait lui aussi de sa petite déclaration, affirmant sans détour que la Flandre est une région autonome reconnue à l’échelon international. Un rêve inachevé, vous disait-on.

 

 

Lire aussi :

Belgique : le scénario du pire

L’accord fantôme

Flandre : un cordon sanitaire qui s’effiloche

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