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Le Blog de Jonathan Fanara

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Denis Demonpion : « Les bulletins de santé mensongers relèvent de la forfaiture »

Publié par Jonathan Fanara sur 27 Mai 2012, 16:52pm

Catégories : #Culture

Denis Demonpion, rédacteur en chef au Nouvel Observateur, coauteur de l’ouvrage Le dernier tabou, révélations sur la santé des présidents, revient sur les investigations qu’il a menées et y apporte quelques éléments nouveaux. L’occasion de livrer son point de vue et d’étayer ses écrits.

 

On imagine que vous avez eu quelques surprises durant votre enquête…

J’ignore si l’on peut parler de surprises, mais le fait est que la somme des mensonges des présidents, pour tout ce qui regarde leur santé, est stupéfiante. Que ce soit à propos du cancer de François Mitterrand, de la dissimulation orchestrée de Jacques Chirac au moment de son accident vasculaire cérébral ou de la façon dont Nicolas Sarkozy a omis, malgré les serments de campagne, de tenir parole sur son état de santé, au premier incident, survenu dès octobre 2007.

 

Selon vous, où devrait s’arrêter le secret médical quant à la santé d’un chef d’État ?  La transparence devrait-elle être totale ?

Mon coauteur, Laurent Léger, et moi-même ne plaidons pas pour une transparence totale, qui conduirait par exemple à connaître le taux de cholestérol du chef de l’État, comme c’est le cas aux États-Unis. En revanche, il serait bon que, quand un problème sérieux survient, l’opinion soit informée au plus près de ce qui se passe, ceci sur la base d’examens réalisés par un collège de médecins. La publication de bulletins de santé mensongers relève de la forfaiture.

 

La législation française ne prévoit pas le pouvoir vacant – sauf en cas de décès. Plaidez-vous pour un système à l’américaine, avec une procédure d’empêchement pouvant évincer les présidents inaptes ?

Sans tomber dans l’excès ou aller jusqu’à une refonte de la constitution qui instaurerait un vice-président sur le modèle américain, il faudrait tout de même prévoir un dispositif selon lequel le président de la République serait régulièrement soumis à des examens médicaux par des médecins reconnus. Des juristes de droit constitutionnel et de grands professeurs de médecine se sont penchés sur la question, allant même jusqu’à élaborer un avant-projet de loi resté lettre morte, ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy n’en ayant voulu.

 

Comment expliquez-vous que ceux qui se battent pour une réforme des lois françaises en la matière ne parviennent pas à se faire entendre ?

On constate qu’au moment des campagnes électorales, les candidats prêtent tous les serments de la terre et font toutes les promesses que les Français veulent entendre, mais qu’une fois dans la place, la politique consiste en un « circulez, il n’y a rien à voir ! ».

 

Vous affirmez, dans votre ouvrage, que Nicolas Sarkozy prend des médicaments. Pourriez-vous expliciter ?

En effet, nous révélons dans notre ouvrage que l’ancien président, sujet à des coups de mou, était un adepte de médicaments non homologués par les autorités sanitaires. Ces produits ne sont pas illégaux, mais on ne les trouve tout simplement pas sur le marché. En revanche, on peut se les procurer en Hollande, aux États-Unis et dans d’autres pays. C’est le type de produits dont sont friands les sportifs.

 

L’accident vasculaire cérébral de Jacques Chirac est passé sous silence. Pis, ses proches exercent des pressions sur les médecins et cherchent à influencer le contenu des communiqués. Du jamais-vu ?

Du jamais-vu en effet. Nous racontons comment Bernadette Chirac et leur fille Claude ont pesé de toute leur autorité auprès des médecins militaires de l’hôpital du Val-de-Grâce pour que les communiqués soient les plus lénifiants possibles. Ce n’est d’ailleurs que quatorze heures après l’hospitalisation du chef de l’État qu’une information, parcellaire, a été diffusée. Ce qui est encore plus invraisemblable, c’est que ni le Premier ministre, Dominique de Villepin, ni le ministre de l’Intérieur n’étaient au courant.

 

On comprend que les confidences de Valéry Giscard d’Estaing à un thérapeute auraient pu mettre à mal certains intérêts de la République. Mais peut-on réellement entraver ces séances ?

Le cas de Valéry Giscard d’Estaing, le plus jeune président élu de la cinquième République – il avait 48 ans –, est un peu à part. Car, s’il a été le dépositaire de secrets d’État relatifs à la santé du chef du Soviet suprême Léonid Brejnev et du chancelier allemand Helmut Schmidt, il n’a pour sa part pas connu de gros ennuis de santé. Certes, il a suivi une psychanalyse, mais c’était pour se mettre au clair avec sa conscience quand il lui fallait prendre des décisions d’importance.

 

Dans les dernières pages du livre, vous racontez justement la réaction de VGE face à un Brejnev déclinant. La preuve que la santé peut devenir un facteur déterminant dans le jeu géopolitique ?

La santé est un facteur déterminant du jeu géopolitique, en effet. On raconte d’ailleurs comment, lorsque Georges Pompidou voyageait, les services secrets étrangers étaient sur les dents pour essayer de procéder à des prélèvements, notamment d’urine, afin de savoir de quoi il souffrait exactement. Dans le cas de François Mitterrand, des précautions insignes étaient prises pour éviter justement toute fuite. Son médecin personnel ne laissait rien traîner, ni compresses, ni emballages de médicaments, rien de rien.

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