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Le Blog de Jonathan Fanara

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Cinéma et téléfictions à la croisée des chemins

Publié par Jonathan Fanara sur 19 Avril 2013, 05:53am

Catégories : #Séries télévisées

Plus que jamais, la télévision semble empiéter sur les plates-bandes du cinéma. Les séries n’hésitent désormais plus à convier les vedettes du septième art et, mieux encore, à puiser dans son éventail technique. Avec une ambition manifeste : donner le la et transcender les genres.

 

Quand Quentin Tarantino décide de s’associer aux Experts, cela crée l’événement à Hollywood. Si des personnalités comme Alan Ball ou David Lynch avaient déjà œuvré pour le microcosme télévisuel, rien n’avait jamais égalé l’enrôlement du cultissime réalisateur des jouissifs Pulp Fiction et Kill Bill. Une série venait en effet de s’offrir l’un des cinéastes les plus convoités du monde, un virtuose de la caméra disposant d’une armée d’aficionados.

 

Depuis, quantité de metteurs en scène lui ont emboîté le pas. C’est notamment le cas du légendaire Martin Scorsese (Boardwalk Empire, porté par l’excellent Steve Buscemi), du pape de la scène indépendante Gus Van Sant (Boss) ou encore de l’explosif Michael Mann (Luck, avec le maître Hoffman). Mieux encore : l’inégalable David Fincher réalise les premiers épisodes de la révolutionnaire House of Cards, un ambitieux jeu de massacre politique. Qu’on se le dise : aujourd’hui, il n’est plus rare de voir un cinéaste chevronné mettre une téléfiction sur les rails de la réussite.

 

De tout temps, les croisements ont existé. Ainsi, Bruce Willis, Johnny Depp, George Clooney, John Cassavetes ou encore Alfred Hitchcock ont déjà mis la main à la pâte télévisuelle. Et que penser du parcours d’un Kyle Chandler, d’un Bryan Cranston, d’un Jason Bateman ou d’un Michael Cera ?  Pour ces comédiens à tout le moins prometteurs, les séries ont été plus un tremplin qu’une planche de salut. Quant à Judd Apatow, le roi de la comédie anglo-saxonne, et J. J. Abrams, réalisateur littéralement adulé par les amateurs de science-fiction, ils se sont fait les dents avec la petite lucarne. De quoi légitimer un genre trop longtemps considéré comme mineur.

 

De Game of Thrones à Bates Motel

 

En dehors de ces emprunts mutuels, le cinéma et la téléfiction entretiennent une certaine filiation. C’est ainsi que les séries Bates Motel et Hannibal s’approprient des monuments du septième art, à savoir Psychose et Dragon Rouge (ou Le Sixième Sens, c’est selon). Peter Berg décide quant à lui de porter son Friday Night Lights à la télévision, point de départ de l’une des œuvres les plus abouties de ces dix dernières années. Et ce n’est pas tout : X-Files, Twin Peaks et Sex and the City feront le chemin inverse, passant du petit au grand écran. Les Simpson et South Park connaîtront le même sort.

 

Si les intrigues et les personnages peuvent se décliner à l’infini, embrassant un genre avant de flirter avec un autre, le phénomène Game of Thrones va encore plus loin. Cette série fantastique parvient avec maestria à transcender les styles, (re)faisant de la mise en scène un moteur essentiel plutôt qu’un rouage marginal. Résultat : la téléfiction empiète désormais clairement sur le terrain du septième art, épousant ses codes, surclassant ses budgets, mimant sa technique.

 

Plus qu’une antichambre, une référence

 

N’en déplaise aux critiques de tout poil, la série télévisée n’est plus le mode mineur d’un cinéma tout-puissant. Échanges de stars et de bons procédés ont largement contribué à amenuiser la barrière qui sépare les deux genres, désormais cantonnée au seul format. Mieux encore : la téléfiction impose des normes qui font ensuite école sur grand écran. Elle constitue un inépuisable réservoir de talents et répand ses trouvailles, techniques ou scénaristiques, comme une traînée de poudre. S’ils le veulent, les cinéastes n’ont ensuite plus qu’à se servir. La preuve : quand Aaron Sorkin (À la Maison Blanche) réinvente la narration – et le métier de dialoguiste par la même occasion –, c’est David Fincher qui vient frapper à sa porte – pour l’écriture du génial The Social Network. Une association de choc entre le golden boy du cinéma américain et l’auteur le plus estimé de la télévision.

 

Arborant une créativité débridée, le petit écran peut en plus se prévaloir d’une liberté sans égale. Et c’est sans doute pour cette raison qu’il fait désormais figure de baromètre pour une industrie cinématographique souvent précautionneuse, peu encline aux risques inconsidérés. Car même les réalisateurs les plus en vue lorgnent aujourd’hui sa copie, espérant y déceler les vedettes et concepts de demain. De là à le qualifier de poule aux œufs d’or, il n’y a qu’un pas. Que beaucoup ont déjà franchi.

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