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Le Blog de Jonathan Fanara

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Après la Syrie, un nouveau paradigme au Moyen-Orient ?

Publié par Jonathan Fanara sur 2 Août 2012, 15:11pm

Catégories : #Édito

Alors que la bataille fait rage en Syrie, opposant les insurgés et les forces loyalistes, c’est tout le Moyen-Orient qui se dirige vers une réforme profonde des paradigmes actuellement en vigueur. Observateurs et experts internationaux s’accordent en effet à dire que de nouveaux rapports de force vont s’établir prochainement, redistribuant les cartes dans une partie du monde toujours instable, jamais apaisée. Et les faits viennent étayer leurs arguments.

 

Depuis plusieurs semaines, en raison de décisions politiques inconciliables, le ton monte entre la Turquie et l’Iran, deux géants qui se positionnent stratégiquement, qui montrent leurs muscles, pour mieux régner sur la région. Pendant ce temps, la Russie, alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad, s’adonne à un jeu pour le moins obscur. Ses intérêts – militaires ou économiques – ne semblent pas liés à la survie du pouvoir syrien en place. Pourquoi alors entraver les démarches initiées à l’ONU ?  Le souvenir, forcément désagréable, des opérations effectuées en Libye ?  La Chine, elle, reste peu investie dans la région ; le prédateur asiatique lorgne l’Afrique subsaharienne, mais demeure en retrait au Moyen-Orient. Pour l’instant. Quant à l’Arabie saoudite, elle ne se contente pas de financer les rebelles syriens, notamment l’ASL : elle exporte en plus ses prédicateurs musulmans radicaux, cherchant ainsi à influer sur l’idéologie des révoltés.

 

Véritable poudrière, le Moyen-Orient peut acter la chute d’un régime despotique ou sanguinaire sans pour autant promouvoir l’avènement de la démocratie ou de l’État de droit. Une fois le conflit syrien achevé, la région tentera de se relever, clôturant – enfin –  une sombre page de son histoire, entamée en 2003 avec la destitution de Saddam Hussein. Mais, entre les changements démographiques déstabilisants – notamment défavorables à Israël –, les luttes de pouvoir entre franges musulmanes – chiites, sunnites, radicaux, modérés, etc. – et les tiraillements tribaux, l’apaisement peut paraître illusoire. En outre, les alliances vont probablement se faire et se défaire au gré des événements. Et, à ce titre, une intégration, même partielle, de la Turquie au sein de l’Union européenne révolutionnerait le paysage géopolitique régional. L’influence croissante des islamistes, le renchérissement du coût des ressources naturelles ou encore l’identité du prochain locataire de la Maison-Blanche auront également des conséquences directes sur la destinée du Moyen-Orient. Enfin, le poids financier de certaines nations – le Qatar et les Émirats arabes unis étant peut-être les plus emblématiques – constituera un élément essentiel, notamment en ce qui concerne le soft power. Un concept de plus en plus prisé.

 

C’est indéniable, le conflit syrien met en exergue les bouleversements géopolitiques futurs, lesquels se dessinent en marge de batailles mortifères et de postures affirmées. Des ententes de circonstance se nouent, tandis que, parallèlement, des désaccords considérables éclatent au grand jour. Cette crise, par les indices qu’elle sème, servira à instituer de nouvelles grilles de lecture, davantage en adéquation avec l’influence, le pouvoir et les motivations des différents acteurs régionaux – et de leurs alliés. En attendant, chacun semble aspirer à s’imposer comme le nouveau chef du Moyen-Orient. Avec les moyens du bord.

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