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Le Blog de Jonathan Fanara

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« L'Armée des douze singes » : temps bien que mal

Publié par Jonathan Fanara sur 14 Avril 2018, 06:40am

Catégories : #Cinéma

« L'Armée des douze singes » : temps bien que mal

1%. C'est précisément ce qu'il reste de l'humanité en 2035, après qu'un virus mortel ait décimé la population mondiale. Cette communauté résiduelle vit recluse dans les sous-sols d'un monde en friche, rendu aux animaux sauvages et à une forme de léthargie ancestrale. L'asocial James Cole, emprisonné dans une société évoluant en vase clos, se voit un jour offrir la chance de quitter sa cage exiguë, dans le but de parcourir le temps afin de remonter aux origines de la catastrophe épidémiologique... Tout L'Armée des douze singestient dans ces bonds temporels multiples, intimement liés les uns aux autres, et dans l'enquête censée lever le voile sur un groupuscule terroriste suspecté de culpabilité dans l'extermination programmée des hommes. Ce classique de la science-fiction, dû à l'inventif Terry Gilliam, repose en grande partie sur La Jetée,le court chef-d'oeuvre photographique du Français Chris Marker, réalisé en 1962. On y retrouve, sous forme d'écho, la temporalité éclatée, le futur apocalyptique, l'urgence humanitaire, le cobaye interdimensionnel et ce même souvenir accablant, lancinant, qui semble distinguer le héros, pourtant commun, de tous ses pairs.

 

Le premier voyage temporel mène James Cole, campé par un excellent Bruce Willisà un hôpital psychiatrique de Baltimore, où sa condition de Cassandre sujet à la démence sera définitivement actée. Il y fait notamment la rencontre du docteur Kathryn Railly,interprétée par Madeleine Stowe, à laquelle il sera associé de bout en bout, d'abord par impératif médical, puis de force, et enfin par conviction. Ensemble, et avec le concours ponctuel d'un Brad Pitt mentalement dérangé, ils vont « remonter aux origines du virus », malgré les embûches et les fausses pistes, nouant au passage une relation ambiguë durant laquelle les mouvements d'élan et de repli alterneront – sentimentalement bien sûr, mais aussi, par exemple, lorsque Cole en arrive à se convaincre lui-même qu'il est « malade »et victime d'une «construction de l’esprit ». Maître de son sujet, dispensateur de plans astucieux, d'une photographie laiteuse et d'un double-fond hitchcockienTerry Gilliam donne à voir ce qui ressemble fort à un coup de génie dystopique où tout, de la réalité à la fiction, de la raison à la folie, finit par se confondre, jusqu'à mener à un twist final une fois encore inspiré de Chris Marker. Entretemps, quelque part entre le thriller et la science-fiction, L'Armée des douze singesaura révélé un monde fini, une forme extrême d'aliénation scientifique et les péripéties extraordinaires d'un individu ordinaire.

 

 

Lire aussi :

« Reservoir Dogs » : Orange is the new Black

« Coraline » : derrière les apparences...

« Dunkerque » : war zone

 

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