Pulp Fiction, c’est cette odyssée criminelle traversée par une folie qui ignore les lendemains, où la crise couve continuellement. Un ballet caustique marqué à la fois par une consécration et une renaissance, impliquant respectivement Quentin Tarantino et John Travolta. C’est un récit non linéaire, joyeusement éclaté, invariablement branché sur des tirades fusantes et corrosives. C’est surtout une incursion burlesque et sanglante au cœur de la basse pègre de Los Angeles, où les duels d’artillerie et les existences avortées évoluent de pair, portés par un même élan frénétique.
Ultra-référencé, postmoderne et absolument amoral, l’opéra sardonique de Quentin Tarantino réunit en une même pièce une batelée de criminels inconséquents, antihéros désaxés faisant scrupuleusement écho à une phraséologie nihiliste. Non content d’éventrer la fourmilière cinématographique, Pulp Fiction galvanise avec éclat ses blocs narratifs, flatte précieusement son imagerie et disloque le temps, appuyé en cela par le montage sourcilleux de Sally Menke.
D’une tonalité pop totalement décomplexée, la Palme d’or 1994 démarre sur les chapeaux de roues, charge à foison la barque sarcastique et collectionne les faciès incertains : outre John Travolta, Samuel L. Jackson, Harvey Keitel, Tim Roth, Bruce Willis ou encore Uma Thurman viendront hanter ses parades exubérantes, souvent au bord de l’implosion. Une dérive collective incorrigible, irradiée de fulgurances : des bains de sang fiévreux, un repère glauque peuplé de sadomasochistes, une injection d’adrénaline improvisée dans l’urgence, une exécution involontaire à l’arrière d’une guimbarde, des impacts aléatoires défigurant les murs d’un appartement, des vauriens grossièrement déguisés en plagistes, un braquage de restaurant impréparé… Définitivement cultissime.
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